( The Walk – The Threads of Time)
Le lendemain matin,
le ciel était pâle et clair,
comme lavé par la nuit.
Ils marchaient à travers les herbes hautes,
et la rosée mouillait leurs chevilles.
Elle s’arrêta au sommet d’une petite butte,
où l’on pouvait voir loin —
les arbres, les chemins, les rivières tissant leur propre carte silencieuse.
Alors elle lui dit, presque à voix basse,
comme si elle confiait un secret que seul le vent devait entendre aussi :
« Le temps, tu sais,
n’est pas une route droite.
C’est un tissu.
Un ensemble de fils invisibles
que ton regard, ton attention, ton amour tissent et retissent sans cesse.
Il n'y a pas un passé derrière toi,
et un futur devant.
Tout existe en même temps.
Comme des fils tendus autour de toi,
attendant que tu les effleures.
Quand tu penses à un souvenir,
tu tends la main vers ce fil précis.
Quand tu rêves à demain,
tu tires doucement sur un autre.
Et selon ce que tu regardes,
selon ce que tu ressens,
certains fils se renforcent,
d'autres s'effacent doucement.
Tu n’es pas enfermé dans une histoire.
Tu es libre de choisir quels fils tu veux renforcer.
Libre de tresser ton présent avec les couleurs que tu choisis de toucher.
Et plus tu accordes ton regard
aux fils de joie, de beauté, de douceur,
plus ton propre chemin se tisse dans ces mêmes teintes. »
Elle se pencha pour ramasser une longue herbe flexible,
et la tendit au petit.
« Tiens.
Imagine que chaque geste,
chaque pensée d’amour,
est comme tresser ce fil autour de toi.
Patience, tendresse, certitude. »
Le petit serra l'herbe dans sa main.
Il regarda autour de lui,
et soudain, tout sembla vibrant :
l'air, les arbres, les éclats de lumière.
Elle le regarda, émue par son silence attentif.
Puis, elle ajouta doucement :
« Un jour, tu verras,
que même choisir entre deux chemins deviendra une évidence...
comme suivre la main invisible qui a toujours été la tienne. »

VII. The Threads of Time
The next morning,
the sky was pale and clear,
as if washed clean by the night.
They walked through tall grass,
the dew soaking their ankles.
She stopped at the top of a small hill,
from where they could see far —
trees, paths, and rivers weaving their own silent map.
Then she spoke, almost in a whisper,
as if sharing a secret meant only for the wind:
“You know,
time isn’t a straight road.
It’s a fabric —
a weave of invisible threads
that your gaze, your attention, your love
constantly shape and reshape.
There’s no past behind you,
and no future ahead.
Everything exists at once.
Like threads stretched all around you,
waiting to be touched.
When you think of a memory,
you reach for that thread.
When you dream of tomorrow,
you gently pull on another.
And depending on what you look at,
depending on what you feel,
some threads grow stronger,
while others quietly fade.
You’re not locked into a story.
You’re free to choose which threads to strengthen.
Free to braid your present
with the colors you choose to touch.
And the more your gaze aligns
with threads of joy, beauty, and softness,
the more your own path is woven
in those same shades.”
She bent down, picked up a long, supple blade of grass,
and handed it to the little one.
“Here.
Imagine every gesture,
every loving thought,
as braiding this thread around you —
with patience, tenderness, and certainty.”
The child gripped the blade in his hand.
He looked around,
and suddenly everything seemed vibrant:
the air, the trees, the sparks of light.
She watched him, moved by his silent attention.
Then, softly, she added:
“One day, you’ll see —
even choosing between two paths
will feel like an obvious truth…
as if following the invisible hand
that has always been your own.”